Recherche La Souveraine
Icône de recherche

Répercussions de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée

7 minutes de lecture

Répercussions de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée

Par : Souveraine Assurance | Avec: Don Maxwell

Partager:mail icon

Alors que le Canada et d’autres marchés font face à une pénurie de main-d’œuvre grandissante dans les corps de métier, les entreprises peinent à recruter. Cette pénurie se fait tout particulièrement sentir dans l’industrie manufacturière, la construction et le transport. Elle pourrait brider la croissance et exposer les employeurs à des risques accrus. 

Quelle est la réelle ampleur de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée? Un récent rapport de Canadian Manufacturers & Exporters (CME) indique que 85 % des entreprises manufacturières ont de la difficulté à combler des postes vacants.1 Le besoin le plus pressant concerne les travailleurs et la main-d’oeuvre qualifiés dans la production, suivi par les cadres, les ingénieurs et les assistants de production. 

Dans le domaine de la construction, la tendance s’intensifie également. Selon ConstruForce Canada, la main-d’œuvre dans l’industrie de la construction et de l’entretien devrait croître de 50 200 travailleurs d’ici 2029.2 Avec le départ à la retraite de plus de 257 000 travailleurs de la construction dans la même période, l’industrie devra attirer plus de 307 000 travailleurs pour répondre à la demande. 

Cette pénurie sans précédent ne touche pas uniquement le Canada. Aux États-Unis, par exemple, 4,6 millions postes devront être comblés dans l’industrie manufacturière dans les 10 prochaines années, et 2,4 millions de postes pourraient rester vacants en raison du manque de travailleurs qualifiés, selon un rapport de 2018 publié par The Manufacturing Institute et Deloitte.3

L’une des raisons principales de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée est l’utilisation grandissante de la technologie dans les industries traditionnelles. La machinerie et les équipements ont connu une très grande évolution technologique, mais la formation des travailleurs qualifiés plus âgés n’a pas progressé au même rythme. Il faut ajouter à cela la difficulté constante à attirer les jeunes vers les corps de métier, qui ne sont généralement pas perçus comme des choix de carrière attrayants. 

La pénurie est une bonne nouvelle pour les chercheurs d’emploi dans le domaine, mais elle peut avoir des répercussions négatives considérables sur les entreprises. À son tour, l’industrie de l’assurance peut en subir les effets : augmentation du nombre de dossiers de réclamation, hausse des primes d’assurance et réduction ou restriction des garanties offertes. 

Don Maxwell, Directeur des opérations commerciales, Stratégie et planification, à la Souveraine, explique les principaux impacts potentiels de la pénurie de main-d’œuvre sur les entreprises : 

  • La pénurie de main-d’œuvre qualifiée peut ralentir la croissance d’une entreprise. Dans le sondage de CME, voici les trois principales conséquences de la pénurie de travailleurs  qualifiés mentionnées par les entreprises manufacturières : elles sont contraintes à engager des travailleurs sous-qualifiés, elles sont contraintes à ne pas poursuivre des occasions d’affaires, et Il y a un ralentissement de l’investissement des entreprises et du développement de produits. À préciser qu’elles entravent toutes leur capacité à rester concurrentielles

 

  • Une croissance lente peut pousser les entreprises à couper les coins ronds dans d’autres sphères de leurs opérations pour économiser et faire des profits. Cela peut notamment se traduire par un assouplissement des pratiques d’entretien et de contrôle de la qualité, ce qui peut entraîner des pertes. 


Par exemple, un bris de machine causé par un mauvais entretien peut donner lieu à des réparations onéreuses et à une perte d’investissement qui ne sont pas couvertes par l’assurance et ainsi constituer une perte non remboursable pour l’entreprise. 

De même, des lacunes dans le contrôle de la qualité peuvent occasionner de coûteuses poursuites en responsabilité civile des produits; cela représente donc en fin de compte une augmentation des réclamations et des primes.  Dans certains cas, l’assureur de l’entreprise peut même décider de résilier la protection. 

  • La qualité du travail peut pâtir du manque de qualification des employés. Les entreprises peuvent donc devoir débourser plus pour corriger les défauts ou rembourser des dommages causés à des tiers en raison d’une négligence de la part d’un employé sous-qualifié ou mal formé. 


En dehors des corps de métiers, l’industrie du transport connaît aussi une pénurie de chauffeurs adéquatement formés ou expérimentés. Les entreprises engagent donc parfois des conducteurs qui ont peu ou pas d’expérience de conduite avec des semi-remorques, ce qui peut avoir des conséquences tragiques. Le problème s’explique en partie par un manque d’uniformité dans les normes et réglementations au Canada. Actuellement, seul l’Ontario prévoit une formation obligatoire pour les camionneurs.4 

Il n’y a pas de solution miracle pour résoudre la pénurie de main-d’œuvre qualifiée : il faudra une combinaison de formation, d’éducation et de revalorisation des métiers manuels. La bonne nouvelle est que de nombreuses mesures à cet effet sont déjà en place, avec l’implication du gouvernement et des écoles. Par exemple, le gouvernement de l’Ontario a récemment lancé une campagne de marketing pour attirer plus de gens vers les métiers manuels qualifiés et encourager les employeurs à engager plus d’apprentis.5 Le gouvernement investit aussi 75 millions $ dans des programmes pour sensibiliser les élèves du secondaire aux métiers manuels.

Sur le plan de l’éducation, on peut mentionner par exemple le Durham College à Whitby, en Ontario, qui fait partie des établissements d’enseignement postsecondaire qui contribuent à combler le manque de compétence. Durham College agrandit son centre d’acquisition de compétences pour donner plus de possibilités aux étudiants qui souhaitent se former dans les métiers manuels de la prochaine génération. Cette expansion de 35 millions $ prévoit un nouveau centre de 60 000 pi2 (près de 5 600 m2) dont l’ouverture est prévue à l’été 2021 et permettra de doubler les capacités de formation du collège dans les corps de métier industriels.

En ce qui concerne l’industrie, les entreprises peuvent se constituer une réserve de futurs talents au travers de partenariats avec des collèges et universités locales. Les programmes d’enseignement coopératif et les stages donnent aux étudiants une longueur d’avance dans leur carrière, tout en permettant aux entreprises de former et d’embaucher des candidats potentiels avant la concurrence. 

Avec les nombreux départs à la retraite et la pénurie de nouveaux talents, les entreprises doivent agir maintenant. Elles pourront ainsi embaucher et conserver des employés qualifiés qui font un travail de qualité, ce qui leur permettra de limiter les risques et d’augmenter leurs chances de succès. 

Sources :
1Canadian Manufacturers & Exporters (CME) : « We’re Hiring: Manufacturing Workforce Survey Report » 2019 
2ConstruForce Canada : « Regard prospectif – Construction et maintenance »
3Manufacturing Institute et Deloitte : « 2018 Skills Gap in Manufacturing Study » 
4Global News : « Only Ontario requires truck driver training, but Humboldt crash could change that », 13 avril 2018
5Gouvernement de l’Ontario : « L’Ontario prend des mesures pour combler le manque de travailleurs spécialisés », 10 janvier 2020 

PRÉCÉDENT

Restez en contact avec nous

  • Facebook
  • Twitter
  • LinkedIn

Gardons le contact

Abonnez-vous pour recevoir des nouvelles, des opinions et des conseils sur la protection de votre entreprise.

S’ABONNER